En 1920, donc, le Père Sevin (grand ami de BP et jésuite, surnommé "renard noir") fonde l'association du Scoutisme Français (avec le général de Maud'huy, et le chanoine Cornette, qui est ambassadeur des scouts auprès des évêques et du Pape, et surnommé "vieux loup" , et Edouard de Macedo). Le Père Sevin reçoit l'autorisation de Baden-Powell d'organiser des camp-école d'égale valeur internationale que celui de Mac-Laren en Angleterre (c'est dire la confiance qu'il a en lui), ce qu'il fait à CHAMARANDE. Il faut dire qu'il est l'une des rares personnalités à accepter toutes les nouveautés de la méthode de scoutisme de BP. Sa compréhension admirative du scouting fit qu'il transforma la déjà très remarquable méthode déiste de Baden Powell en un mouvement magnifié, dirigé, orienté par et vers le Christ lui-même.
Il se bat, et défend vigoureusement devant les autorités ecclésiale le scoutisme. Il dément à Rome qu'il soit protestant, ni naturaliste, ni encore moins Franc-Maçon (BP l'était, à la façon déiste anglaise, mais pas le scoutisme une fois remanié par le père Sevin). Il définit un esprit scout particulier, et voit très loin. Il envisage même un monde scout, avec création d'école et entraide sociale, ordres religieux, et un des meilleurs moyens de s'opposer au socialisme (à l'époque équivalent au communisme et très anti-religion). Il fut très critiqué par ses collaborateurs (comme presque tous les saints) ce qui conduisit à son renvoi en 1933, après avoir été 10 ans mestre de camp à Chamarande. Il l'accepta avec humilité.
En attendant, il avait placé à la base
de l'éducation scoute l'Amour (aimer le jeune tel qu'il est, et
pour ce qu'il est appelé à être), la Joie (celle
de l'oubli de soi, celle qui est contagieuse), et la Confiance (comme
disait BP: "même dans les pires canailles, il y a toujours 5% de
bon. Croire sur parole, et croire capable du mieux").
Il a découvert une véritable spiritualité
scoute: ascèse, recherche des Vertus : FRANCHISE, DÉVOUEMENT, PURETÉ,
donner par le contact de la nature une mentalité de campeur (c'est
à dire "d'homme vraiment libre, indépendant des lieux et des biens,
homme qui ne tient à rien, pas même à sa tente, et qui par
conséquent, est toujours prêt.". C'est la spiritualité de
la Route.)
Le père Sevin a également créé de nombreuses traditions joyeuses et toujours vivantes, et nombre de chants scouts qui sont repris joyeusement aujourd'hui encore.
Son procès de béatification est en cours.
D'autres hommes ont encore aidé considérablement
à l'évolution du scoutisme. Parmi eux, il y eut le Père
Doncoeur, jésuite comme le Père Sevin, qui aidé
du Père Forestier, un dominicain, va exhumer
de l'Histoire des récits gonflés d'idéal.
Il y a encore Paul Coze (visible en général
dans une tenue de cowboy), parti en Amérique qui partagera sa vie entre
les tribus cheyennes et les troupes scoutes. Il en rapportera la totémisation
(qui se passait alors selon un mode tout à fait différent d'aujourd'hui,
en public, et certaines interdictions qui ont dû s'imposer proviennent
de la perte de l'esprit initial de la totémisation), et aussi sa passion
des immenses pays perdus.
Nous avons aussi l'honneur de pouvoir citer Guy
de Larigaudie parmi les nôtres, véritable
Globe-Trotter, qui quittait dès qu'il le pouvait son château du
Périgord pour aller chevaucher aux quatre coins du monde. Il raliera
Saïgon depuis un jamboree en Hollande avec "Jeanette", qui sera
la première automobile à franchir l'Himalaya. Il désirait
soigner les lépreux en Nouvelle-Calédonie. Mais il fut fauché
à 28 ans par les mitrailleuses allemandes sur son cheval, en 1940...
Enfin, on ne peut pas omettre Marcel Callo, qui
fit sa Promesse en 1934. Il sera conduit dans les camps de concentration 10
ans plus tard à cause de sa foi, où il apportera une lumière
dans la nuit de chacun. Il fut béatifié par Jean-Paul II.